Anthéor, un autre
quartier de Saint Raphaël.
Anthéor, c'est rouge par ces rochers qui se jettent dans la mer et outremer par cette eau qui se froisse au moindre coup de mistral.
Anthéor, c'est le début de la partie sauvage de l'Estérel, juste avant le Trayas. Ces falaises de porphyres ocres qui flirtent dangereusement avec la méditerranée. Un paradis, je vous dis. Seul morceau de côte non bétonné.
Anthéor, c'est d'abord une colline avec sa multitude de maisons secondaires. L'hiver, à Anthéor, est plutôt tranquille. De belles balades en perceptive entre les mimosas et les eucalyptus. L'été, là c'est autre chose. Les touristes affluent, les fenêtres aux maisons s'ouvrent et un vent de bonheur se répand à travers les pins des jardins. Tout ce beau monde se jette d'un seul coup dans la grande bleue en hurlant de bonheur. Et nous avec eux..
Une plage d'Anthéor l'hiver!!!! Anthéor possède aussi sa gare. La gare de Anthéor - Cap-Roux est ouverte en avril 1863 grâce à la compagnie des chemins de fer (PLM). C'est la ligne Toulon-Nice. Les voies seront électrifiées en 1968. La gare est desservi par le TER. L'histoire d'Anthéor est assez tourmentée. Il y a eu le bombardement pendant le dernière guerre du Viaduc et la destruction des belles maisons côtières. La plage d'Anthéor a reçu un nom de code "Blue Beach" pendant la 2 ème guerre mondiale.
Et 'histoire des péniches qui mérite quelques précisions. Voici donc cette histoire. le 31 janvier 1944, à 11 h 30, petite brume, visibilité moyenne, mer moyenne, baromètre moyen : une aube d'hiver calme, sans difficulté particulière pour ces deux grosses péniches fluviales, perdues loin de leurs paysages du nord, où elles furent saisies par les forces allemandes, et amenées ici, au large des côtes ensoleillées de la Méditerranée, pour ravitailler en munitions les dernières places fortes italiennes encore défendues contre les alliés. Le Jean-Suzon, comme le Saint-Antoine, jaugent plus de 350 tonneaux, ce qui est impressionnant, équivalent à un important dragueur de mines moderne. Les Allemands les nomment improprement fahrprame, mot qui caractérise des bâtiments à fond plat. La cargaison est constituée d'obus inertes et de matériel métallique, poutrelles, rails, plaques de fer. Il y a donc là, comme escorte, promue à un rôle trop important pour eux, des petits bâtiments, peu armés, pour la plupart d'anciens yachts civils avec un petit garnissage d'artillerie: l'Umberto, le Cannes, la Manette, le Roger Dédé ne nous ont pas laissé un souvenir impérissable de navires de combat. Et ils sont impuissants, petites poussières navales, lorsque le redoutable sous-marin anglais Untiring se présente, imparable, majestueux. Il ajuste son tir sans se presser. Trois torpilles suffiront, et encore l'une d'entre elles explosera à la côte. L'une après l'autre, les péniches son éventrées, coupées en deux. Les membres d'équipage survivants son recueillis par les navires de l'escorte qui ne peuvent inquiéter le sous-marin. Il y aura un mort, trois blessée, et sept disparus. Pendant quelques mois, d'autres convois tenteront le même périple pour ravitailler coûte que coûte les troupes allemandes en retraite en Italie. Puis, après le débarquement de Provence, la paix revient sur la côte, tandis que d'âpres combats se déroulent dans l'arrière pays. Actuellement, on peut plonger pour aller voir ces péniches. C'est une plongée sur un fond de 32 mètres. Il ne subsiste que quelques parties comme l'avant ou l'arrière des péniches et le reste est éparpillé sur le fond.
Les obus au fond. Mais ces épaves ne sont pas les seules. Sui vous aimez la plongée, autour de l'île des Vieilles, vous trouverez des galères romaines (protégées, balisées et fortement surveillées). Avant tout, une petite précision. L';île des vieilles n’est pas un îlot réservé à une colonie de dames d'un certain âge, non non... Je vous promets que vous rencontrerez plutôt:
En fait les vieilles sont des poissons. A croire qu'il y avait dans le temps, beaucoup de ces vieilles, pour avoir ainsi nommé cette île. Maintenant, les poissons sont rares et je vous recommanderai de les admirer plutôt que de les tuer avec une saleté de fusil ou même avec une canne à pêche. (les pêcheurs professionnels sont suffisamment nombreux pour vous procurer des poissons frais pour la bourride, la bouillabaisse ou une soupe. Allez -les voir sur le vieux port de St Raph.) J'ai connu un vieux Monsieur qui habitait juste en face de cette île et il me racontait que dans sa jeunesse (au alentour des années 50-60), il y avait tant de poissons qu'il les pêchait de son jardin surplombant la mer. En même pas une heure la soupe était prête! Maintenant, il faudrait attendre la journée pour avoir 4 girelles... Il racontait aussi qu'il astiquait une sorte de fouine avec du mirror et que les poissons voyant briller la flèche, se jetaient pratiquement dessus. Moi, l''année dernière, j'ai vu une petite raie, petite, un poisson lune et des barracoudas, sans oublier les saupes et quelques poulpes que Pierre apprivoise. Lui a vu aussi un globicéphale (sorte de dauphin) Il y a toujours beaucoup d'oursins mais à cause de ces « oursinades » à répétition, ils finiront par être anéantis.
Maintenant passons aux hommes célèbres d’Anthéor. Je vous ai déjà parlé de Louis Valtat, ce peintre qui magnifia l'Esterel. Il y avait un autre peintre qui tomba amoureux du coin. Antoine Lumière.
Né en Haute-Saône en 1840, Antoine Lumière était une forte personnalité, un esprit artiste et non conformiste dont témoignent son attirance pour la peinture et la chanson et surtout la manière qu'il eut de susciter puis de s'occuper dès 1894 de l'invention de ses fils. Marié à 19 ans, Antoine s'établit à Besançon comme peintre, puis comme photographe. C'est dans cette ville que naissent ses deux premiers fils : Auguste, en 1862 et Louis, en 1864. En 1870, la famille Lumière fuit l'Est de la France devant la menace prussienne et arrive à Lyon. Brasseur d'affaires né, Antoine ouvre un studio de photographie dans le centre-ville. Il surveille de près le progrès des inventions dans le domaine des images animées sans manquer de jeter un regard attentif sur la scolarité de ses fils : Louis et Auguste sont élèves à La Martinière, le plus grand lycée technique de Lyon. C'est le cadet, Louis, qui mettra au point une plaque sèche (procédé de photo instantanée) baptisée Etiquette bleue qui assurera renommée et réussite financière à l'entreprise familiale. Pour fabriquer et commercialiser les plaques, Antoine Lumière achète alors un immense terrain à Monplaisir, dans la banlieue de Lyon. Rapidement acquise, la fortune est là. A l'automne 1894, Antoine Lumière s'adresse à ses deux fils Louis et Auguste pour leur demander de s'intéresser à ces images animées sur lesquelles Thomas Edison et quelques autres pionniers magnifiques butaient alors. Cette incitation paternelle est le point de départ de l'aventure qui aboutit à l'invention du "Cinématographe Lumière" dont le monde, la France et Lyon ont célébré le centenaire de la naissance en 1995. Antoine, passionné par la peinture et la manie de bâtir, ne cesse de voyager. C'est ainsi qu'il fera construire une résidence à Anthéor uniquement pour peindre le Cap Roux.
Sa maison, sera détruite à la guerre. Georges Simenon. Anthéor reçu aussi la visite de Georges Simenon. Vous le connaissez tous, c’est l’ écrivain Belge le plus traduit dans le monde. Les tirages cumulés de ses livres atteignent 550 millions d’exemplaires. Il publia sous son nom plus de 200 romans, 155 nouvelles et 25 textes autobiographiques.
Maigret, le fameux commissaire est le plus illustre représentant de cet univers simenonien et probablement le plus typique. "Je ne suis pas intelligent, je suis un instinctif, je ne suis pas un intellectuel. Je n'ai jamais pensé un roman, j'ai senti un roman. Je n'ai jamais pensé un personnage, j'ai senti un personnage. Je n'ai jamais inventé une situation, la situation est venue lorsque j'écrivais". 1936:À la villa « la Lézardière » chez le Baron Guilio de Malenchini il écrit Chemin sans issue. Cette maison existe toujours.
Après guerre, Simenon s'installe aux USA, mais il reviendra de temps en temps à la villa « les Mimosas » à Anthéor. Léon Zitrone.
Léon Zitrone, y sera venu de nombreuses fois en vacances d'abord à Agay puis à Anthéor. Quelques citations de lui valent mieux qu'un long discours: « Qu'on parle de moi en bien ou en mal, peu importe. L'essentiel, c'est qu'on parle de moi! » « Ma spécialité, c'est justement de ne pas en avoir. » « La popularité, c'est d'éternuer à l'écran et de recevoir le lendemain des centaines de cartes postales avec écrit : A vos souhaits. » « Dès que je mets les pieds dehors, il faut absolument qu'on me parle des programmes de la veille. Mais, mon Dieu, que les gens se remettent à lire, pour digérer tout ce que la boîte à spectacle leur a fait avaler. » Fernand Raynaud.
Fernand Raynaud que connaissent bien les quinquas et plus… Tonton, pourquoi tu tousses... C'est le plombier...J'ai qu'un pauvre tas de fumier... Bref, c'est que du bonheur. Il vient régulièrement à Anthéor dans la villa « Les mimosas ». C'est d'ailleurs en s'inspirant du mode de vie des vacanciers du camping d'Agay, qu'il écrira son célèbre sketch « Vive le camping ». Quand on était petits, Pierre et moi, nous le voyions quelque fois circulant dans sa rolls. Il allait boire un petit coup à la Bonne Brise de madame Boursat... Sa Rolls-Royce Silver Shadow.
Vincent D'Indy. J'allais oublier Vincent D'Indy, le célèbre compositeur français (1851-1931) qui marqua son époque. Il a fonda la Schola Cantorum. Une école de musique supérieure d'enseignement musical Ses compositions les plus connues sont « Symphonie sur un chant montagnard, Istar Variations symphoniques et Jour d'été. » C'est dans la dernière partie de sa vie (1923) qu'il vint à Anthéor. Il disait d'ailleurs au sujet de ce coin de Paradis: « Après tous mes concerts de la région lyonnaise, je suis venu me reposer ici, où sauf 2 jours de temps gris, nous avons un soleil merveilleux et une température douce. Il est dommage que je sois obligé de rentrer la semaine prochaine, car c'est vraiment un pays idéal. » Les oeuvres de sa dernière période créatrice dite « période d'Agay » témoignent d'une grande faculté de renouvellement, saluée par l'ensemble de la critique de l'époque. Il résidait à la villa L'Étrave ( vous pouvez toujours la voir, non loin de l'hôtel Robinson.), qui était sa résidence estivale. C'est Caroline d'Indy, sa seconde épouse, qui attire son mari, du climat rude de la haute Ardèche vers les rivages ensoleillés de la Méditerranée. Après un voyage de noces en Sicile, les d'Indy louent une chambre d'hôtel à Agay. Plus tard, Line choisira cette station pour faire construire une petite villa, l'Étrave, donnant sur le massif de l'Estérel et la mer ; elle sera achevée au printemps 1925. La Grande Bleue inspire le compositeur, qui apprend à nager et se baigne deux heures par jour, ivre de ses progrès. Mais c'est bien le soleil du Midi, inépuisable, que d'Indy sent pouvoir « féconder [son] imagination ». Entamé en 1919, composé en bonne partie encore pendant le dernier été passé au château des Faugs (1920), et orchestré pendant l'été 1921 sur une terrasse d'Agay, le Poème des Rivages est le premier fruit de cette nouvelle vie.
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